#03 LADY LOVES HER RUM

[ 16.03.2018 ]

Les femmes goutent-elles le rhum ? La fabrique du féminin le leur permet-elle ? L’idéal féminin s’en accommode-t-il ? Existe-t-il un rhum féminin ? Suis-je moins femme parce que mes papilles se réjouissent de l’intensité des full-proof et de la cascade aromatique des rhums agricoles ?

manifeste rumance

© photo Jessica Laguerre

Il m’apparaît que la question de savoir si les femmes aiment les spiritueux n’a pas plus de sens que celle de savoir si les femmes aiment le plaisir. Ici aussi, le comment est un terreau fertile d’exploration pour l’imagination et les sens.

Alors, je me suis interrogée sur les rhums que font les femmes. Qui sont les femmes qui font le rhum ? De la République dominicaine chez Brugal, au Guatemala chez Zacapa, de New-York chez the Nobel Experiment à la Jamaïque chez Appleton, en passant par la Martinique chez Depaz, JM, Clément et A1710, elles sont maîtresses de chais, cheffes de production, responsables qualité, chimistes, œnologues et distillatrices. Chacune d’elles, professionnelle de plein droit, brille par sa maîtrise technique et son savoir-faire.

manifeste rumance
© photo Happyman photography
 
 
 

De la bouche de Karine Lassale, vous entendrez la patience du nez qui cherchait hier encore les marqueurs aromatiques du Whisky, à travers les paysages d’Ecosse et qui assure aujourd’hui que les Rhums JM gardent leur prestige. Ecoutez Stéphanie Martin décrire la volonté farouche qui a guidé sa main dans l’alliance des techniques de distillation de la région de Cognac au terroir du sud-est martiniquais. Grâce à elle, vous découvrirez une expression originale du rhum agricole entre gourmandise et complexité, dans les blancs d’A1710.

À chacun ses outils. Laissez-leur le secret des machines et des fûts. Il faut choisir un verre. Le mien sera tulipe. Pour cette fois, faites comme moi. Son élégance et sa délicatesse me parlent de rituel. Prenez-le par la main. Avec fermeté mais sans empressement, comme une caresse au creux des reins. Stable mais libre entre vos doigts, il faut qu’il puisse encore danser pour libérer ses arômes. Cherchez dans son ballon, comme on cherche du regard les promesses de l’âme. Dans les nuances de la robe et le galbe des jambes, il vous fait miroiter ses tendresses, comme la veine qui palpite sur l’arrête du cou.

Avant de l’embrasser, promenez le nez au col. Approchez lentement pour ne plus savoir qui de la narine ou de la lèvre frémit. Pour apprivoiser encore votre rhum, vous pourrez réchauffer le verre au creux de la paume si nécessaire… avant le baiser. À cet instant, l’anticipation se fait sentir. Vous reconnaîtrez entre toutes, cette sensation qui mêle désir et impatience. Prenez le temps. Tout est question de temps, parce que le baiser a son propre langage. Le nectar humecte le bout des lèvres au premier contact et demande un serment d’un peu plus près. Il caresse la langue, tapisse les joues et précise sa promesse de fruits ou d’écorces, d’épices ou de bois. Et puis, il prend possession de la gorge et s’affirme ou s’évanouit, c’est selon…

Qui n’a jamais ressenti l’émotion de la rencontre, entre hardiesse et timidité ? L’exploration des sens n’a ni genre ni origine. Délicatement dans son verre tulipe, Madame aimera son rhum en cocktail ou en dégustation. Madame aime son rhum blanc ou vieilli. Madame aime son rhum pur ou « on the rocks ». Madame aime son rhum agricole ou traditionnel, style espagnol ou anglais, full-prof ou réduit. Madame aime son rhum. Comme Monsieur.

Sache Lecteur qu’il en va de la dégustation comme de la rencontre : il y a autant de baisers que d’histoires d’amour. Il y a autant de femmes que de rhums et autant de manière de les déguster.

manifeste rumance

© photo Jimmy Verger

Par Jessica Toumson
Fondatrice du site Rumantics.com

 

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