#08 ...Benoît Albanel, Whisky Aikan

[ 08.07.2022 ]

Philippe de Pompignan et Marika de Pompignan. Bienvenue dans ce tête-à-tête, Benoit !

Benoit Albanel.
Merci à tous les deux !

PDP. Alors, première question. Pourrais-tu nous raconter ton parcours avant d’en arriver à créer ta propre marque de whisky ?

BA. Et bien écoute, avant cela, je dois avouer avoir toujours eu une passion pour la gastronomie, le vin. Né à Paris, j’ai grandi principalement à Dijon, en Bourgogne et ai toujours eu une envie très forte, depuis mon enfance, de voyager. J’ai donc consacré beaucoup de temps aux voyages quand j’en avais l’occasion et ai pu découvrir la gastronomie, tout ce qui peut se boire surtout, les vins bien sûr en Bourgogne, mais également les spiritueux japonais, les rhums, etc. Donc au départ il y a vraiment cette envie de croquer la vie, que ce soit dans la découverte de nouveaux territoires ou dans l’assiette.

MDP. Ainsi c’est à un véritable épicurien que nous nous adressons !

BA. J’aurais aimé l’être encore plus, mais je crois qu’à un moment donné, il faut se poser des limites (rires).

Benoit Albanel © La Compagnie du Rhum

PDP. Y a-t-il un événement marquant qui t’a fait franchir le pas pour tout laisser tomber et te lancer à fond dans ce projet de whisky ?

BA. Non, c’est un cheminement. Au tout début, par exemple, j’ai été cuisinier-intendant de l’Ambassade de France en Jordanie. Dans ce cadre, j’avais l’opportunité de voyager, de découvrir un pays, mais également de m’exprimer dans la gastronomie. Ensuite j’ai continué dans l’hôtellerie et la restauration, mais avec les contraintes qui allaient avec. Je ne me voyais pas continuer sur ce chemin-là, je voulais que mon quotidien soit centré sur un produit, sur un produit-passion et j’ai voulu en apprendre davantage sur les spiritueux. J’ai suivi une formation à Dijon en vins et spiritueux, ce qui m’a permis petit à petit de nourrir un projet, notamment concernant leur vieillissement. Cette étape est extrêmement importante dans la structure et les arômes des jus. Donc si on concentre son attention sur cette partie-là, on sait déjà faire énormément de choses.

PDP. On peut dire que le fil conducteur de ton projet, c’est le vieillissement tropical, ce qui est assez révolutionnaire, car à ma connaissance il n’y a pas eu d’expérience de ce type, quels que soient les alcools. Pourquoi avoir pris ce chemin du vieillissement tropical qui, en fait, est au cœur de ton concept ?

BA. D’une façon générale, le vieillissement est lié à trois facteurs : à la température, à l’humidité et aussi au type de barrique que l’on utilise. On voit bien alors qu’en faisant varier ces paramètres, on oriente le whisky, le rhum ou encore le cognac sur un profil aromatique qui varie lui aussi. Et donc, en jouant sur des extrêmes - par exemple le climat tropical - il est intéressant d’observer ce qui se passe. Le bénéfice du vieillissement tropical pour les rhums n'est d'ailleurs plus à prouver. Certains ont par exemple fait l'expérience de partager un lot de rhum blanc, et d'en faire vieillir une partie sous les tropiques et l'autre partie en climat continental. Après 3 ans, le rhum vieilli dans la caraïbes était très largement au dessus en terme de maturité.

Pour le whisky, il y avait un précédent, un petit peu moins intense car en climat subtropical où les hivers sont plus frais. Il existe en effet une distillerie à Taïwan, assez connue, Kavalan, qui a d’ailleurs gagné pas mal de médailles sous ce climat subtropical (dont le prix du meilleur single malt au monde, en quelques années de vieillissement) et qui revendique le fait que le climat est un facteur bonifiant et déterminant dans la qualité de ses whiskys.

Les chais de la distillerie Kavalan, à Taïwan © Kavalan Whisky

MDP. Finalement, l’histoire de Kavalan a-t-elle été une inspiration pour pousser le concept « Aikan » ?

BA. Oui, cela a été une inspiration. Je me suis dit « oui, ça fonctionne ». Il y avait également Amrut en Inde, sous un climat assez chaud, tropical doux en altitude (900m). On voyait bien qu’eux aussi revendiquaient les bienfaits du vieillissement sous ce climat. Ils parlaient de la forte évaporation avec des anges particulièrement gourmands, des caractéristiques différentes dans le chai en termes d’extraction et d’oxygénation de leurs whiskies. Alors, pourquoi ne pas faire cela en poussant vraiment à l’extrême, sous un climat 100% tropical, dans la Caraïbe, avec des conditions exceptionnelles, ventilé par les Alizés, doté de l’air marin, d’une très forte température et d’humidité pendant toute l’année ? Je trouvais que c’était intéressant. Il y a le climat tropical qui est vraiment important en termes de technicité et en termes aromatiques il était passionnant de travailler cette hybridité avec des fûts de rhum.


Chai de l'Habitation La Salle, Martinique © Aikan Whisky

PDP. Il est vrai qu’en climat tropical, l’alcool vieillit plus vite et beaucoup de rhumeries revendiquent maintenant un vieillissement tropical. Ainsi, Luca Gargano, de Vélier, insiste sur ce type de vieillissement qui donne très vite des résultats spectaculaires.

BA. Effectivement le facteur d’évaporation est important. Certains disent que le vieillissement se fait 2 fois, 3 fois, 4 fois plus vite… Il n’est pas facile de déterminer cet aspect accélérateur, en tout cas il se passe quelque chose de différent. Factuellement, on perd 4 à 5 fois plus de liquide par an. Donc, sans parler d’oxygénation, on parle d’une évaporation et par conséquent de concentration aromatique. Le fait de retirer rapidement, tous les ans, l’eau et les éléments que l’on ne souhaite pas conserver dans l’eau-de-vie permet d’obtenir une très belle concentration d’arômes.


La Part des Anges © Delaprod pour Aikan Whisky

MDP. Benoit, du coup, dans ce climat tropical, tu as fait le choix du terroir martiniquais, tu aurais pu aussi faire le choix de la Guadeloupe ou de Marie-Galante par exemple, pourquoi t’es-tu tourné vers ce terroir-là en particulier ? Une opportunité ou une vraie volonté ?

BA. Et bien, là aussi, cela a été un cheminement. Mon épouse est vénézuélienne, elle a grandi sur la côte caraïbe, à quelques kilomètres d’Aruba, dans la péninsule de Paraguaná, pour ceux qui connaissent vraiment bien leur géographie (rires). L’envie était d’avoir un projet-passion pour la famille aussi, de l’emmener loin, de voir loin pour ce projet qui nous animait, donc on a choisi la Caraïbe. Le Venezuela étant en ce moment une option compliquée, il fallait en trouver d’autres et la Martinique était, à mon sens, l’une des plus belles d’entre elles. Toutes les conditions étaient réunies : le vent, l’air marin, des distilleries extraordinaires qui ont des fûts permettant un vieillissement en fûts de rhum fraîchement vidangés, donc finalement ce choix s’est très vite imposé comme une évidence. Ailleurs on ne pouvait pas rassembler autant d’éléments au même endroit et puis évidemment c’est la France, un aspect pratique pour faire du commerce, organiser la logistique, etc.

PDP. Oui et puis, comme tu viens de le souligner, il y a aussi la possibilité d’un vieillissement en fûts ayant contenu du rhum, et pas n’importe lequel : des rhums réputés dans le monde entier, la Martinique étant le seul pays au monde à bénéficier de l’A.O.C. Tout cela est très logique finalement.

BA. Tout à fait. II y avait cette logique-là. La langue commune, l’excellence des fûts et cette aromatique très particulière du rhum agricole, était extrêmement intéressant. C’est ce qu’apprécient les amateurs d’Aikan qui retrouvent une aromatique de bon rhum marié à des arômes de whisky. Cela permet un produit passerelle avec ces deux univers dans le verre et une véritable invitation au voyage pour le consommateur.


Coupes de la canne, Martinique © Aikan Whisky



Entre Ecosse et Martinique © Delaprod pour Aikan Whisky

MDP. Et l'on peut dire qu'Aikan se conjugue au masculin comme au féminin car tes jus plaisent au plus grand nombre, et nous en savons quelque chose !

BA. Les femmes ont toujours bu du whisky et nous constatons aujourd’hui qu’il y a moins de barrières, moins de stéréotypes entre un genre et un autre. On remarque qu’autour d’une table les femmes et les hommes apprécient les spiritueux et effectivement Aikan est un whisky assez gourmand, qui plait aussi bien aux femmes qu’aux hommes, les amateurs de whisky qui aiment le rhum et les amateurs de rhum qui aiment le whisky !

MDP. La boucle est bouclée !

PDP. Justement, tu parlais de ton épouse qui est vénézuélienne. Ton mariage t’a-t-il influencé dans le choix du nom, sachant que « aikan » veut dire « mariage » et que le parti-pris de ce nom souligne l’union entre deux cultures très différentes ?

BA. Tu as tout à fait raison. Il faut que le produit soit cohérent. Choisir « Aikan » comme nom, c’était choisir un mot de la langue arawak, de la Caraïbe. Les Arawaks étaient des Amérindiens qui arrivaient en pirogue depuis le Vénézuéla, donc là aussi, la boucle est bouclée.

Le Vénézuéla a fourni les premiers colons des îles, donc en fait utiliser ce nom, c’est aussi rendre hommage à ces grands voyageurs qui ont été les premiers à y habiter. C’est également une façon de souligner l’identité caribéenne-européenne de ma famille et, pour finir, de mettre en avant la philosophie de l’assemblage, l’hybridité créant une rencontre entre deux univers, deux cultures - européenne et tropicale - deux climats - continental (Écosse) et tropical (Martinique).

Tout cela fait partie de la philosophie Aikan : l’innovation, l’assemblage des talents, le travail collectif et puis surtout la rencontre, quand on peut en bénéficier.

MDP. L’étiquette de tes bouteilles est particulièrement riche et révèle autant de détails que de surprises lorsqu’on l’observe bien. Comment s’est déroulée cette étape de création ?

BA. Mon envie était de faire un beau flacon parce qu’on goûte aussi avec les yeux, donc il fallait prendre le temps de faire quelque chose de beau et qui a du sens. Et puis la réflexion, c’était d’avoir un univers qui invite au voyage par l’étiquette, par le nom, par les détails. Au départ j’avais pensé à de la toile de Jouy - cette toile illustrant de petites scènes de vie - qui aurait pu raconter l’élaboration d’Aikan. Et puis, bon an mal an, l’idée a évolué et l’on a souhaité faire apparaître des illustrations assez denses, façon « jungle ». C’est en s’approchant que l’on remarque des détails caribéens et européens, mêlés.

Croquis de recherche étiquette n° 1 © Aikan Whisky

Croquis de recherche étiquette n° 2 © Aikan Whisky

Illustration définitive © Aikan Whisky


Etiquettes Aikan © Aikan Whisky

BA.
D'ailleurs, le logo est une tente d’Indien imbriquée dans une couronne royale européenne ! Et il y a beaucoup d'autres éléments que le consommateur pourra découvrir en observant mes flacons.


Logo Aikan Whisky © Aikan Whisky

MDP. C’est vrai qu'il y a de nombreux éléments à observer, sans parler de cette fameuse scène…

PDP. Ah, mais on ne peut pas tout dévoiler ! Il faut acheter la bouteille pour découvrir les messages cachés de cette étiquette, mais aussi en transparence, sur la contre-étiquette. Laissons la surprise de cette découverte qui est un vrai voyage.

MDP. Tu as raison !

PDP. Et bien, maintenant, parlons de tes jus Benoit ! Peux-tu nous dire où en est ta gamme aujourd’hui et quelles références tu proposes ?

BA.
Actuellement, on a quatre produits permanents. Jusqu’à présent on en a créé un tous les ans. Cette année c’est la quatrième année de mise sur le marché. On a démarré avec le « Fine Rhum Barrels » : trois ans de vieillissement en Écosse puis un à deux ans en Martinique.


« Fine rhum Barrels » © Aikan Whisky

BA.
La deuxième année, nous avons proposé l’« Extra Collection » : trois ans de vieillissement en Écosse puis deux à quatre ans en Martinique.


« Extra Collection » © Aikan Whisky

BA. La troisième année, on a ajouté dans la gamme un produit distillé en France, qui s’appelle « French Malt Collection », à savoir un Single Malt franco-français puisqu’il est distillé en France et intégralement vieilli à la Martinique, donc sous climat tropical, durant au moins 3 ans : un jus assez exceptionnel pour les amateurs de whisky Haute-Couture.


« French Malt Collection » © Aikan Whisky

BA. Et l’an dernier, pour Noël, on a lancé « l’Intense », un jus très original. Il s’agit de notre premier whisky en 70cl alors que tous les autres sont en 50cl. Il a bénéficié d’un vieillissement en fûts ayant contenu du rhum Grand Arôme de Martinique. On a donc un côté hybride, très tropical, très particulier, très gourmand, très pâtissier et c’est vraiment celui qui plaît le plus actuellement. Bien qu’il soit très original et surprenant, il connaît un très beau succès depuis son lancement.


« Intense Rhum Barrels » © Aikan Whisky

PDP. On sait en effet qu'autrefois, certains rhums vieux étaient « bonifiés » avec du rhum Grand Arôme. C’est comme cela qu’on leur apportait un côté intense, le nom que tu as choisi le souligne. Spécifique à la Martinique et, comme son nom l’indique, extrêmement aromatique, on devine facilement que le whisky va se nourrir de ce qui reste de Grand Arôme au fond du fût : une signature originale et typiquement martiniquaise.

BA. Tout à fait, on apporte quelque chose de différent. Le Grand Arôme est un rhum de mélasse dont nous sommes les seuls à utiliser les fûts, c’est un premier signe distinctif. Le côté « Grand Arôme » - qui prend l’appellation de High Esters en Jamaïque - apporte un côté pâtissier très complexe. Comme tu le disais, Philippe, ces rhums sont tellement aromatiques que l’on s’en sert souvent pour bonifier d’autres rhums avec, donc mettre du whisky dans des fûts qui ont contenu ce type de rhum permet de s’amuser avec ces arômes de fruits tropicaux, de baba au rhum, de banane flambée, d’agrumes, etc...

PDP. Oui et c’est une grande réussite. On a là un spiritueux original qui exprime le mariage du whisky continental et des techniques de vieillissement martiniquaises. Bravo pour cette création et ce résultat magnifique !

On a également vu, plus récemment, une « Version Française », embouteillage de différents spiritueux, pour laquelle Aikan a été sélectionné dans la gamme des whiskies. Peux-tu nous en dire deux mots ?

BA. Et bien oui. C’est un partenariat avec La Maison du Whisky qui a créé sa gamme d’embouteillage de spiritueux français sous la marque « Version Française ». Là, elle souhaitait avoir quelques fûts d’Aikan pour pouvoir proposer des produits d’exception, originaux, avec des degrés un peu plus élevés que généralement, des produits « d’amateur éclairé » avec deux single casks, l’un à fort degré marqué par le chêne français et l’autre brut de fût en fût de chêne américain. Des pièces absolument uniques !


« Version Française 2017 » © Aikan Whisky

PDP. Benoit, j’aimerais que tu nous dises maintenant quelques mots du process. On réalise bien qu’avec tous ces mouvements : sourcer des whiskies en France, en Écosse, les transporter, trouver un chai, trouver les fûts qui conviennent, tu n’as pas choisi la voie la plus simple, bien au contraire. Chaque étape est un vrai challenge pour aboutir à tes créations. Dans la mesure où tu ne fais pas de compromis - quitte à faire face à de nombreux obstacles – peux-tu nous dire comment tu as su gérer ces difficultés ? Comment arrives-tu à relever tous ces challenges en même temps ?

BA. Je crois que, comme pour tous les projets d’entrepreneuriat, si on connaissait un peu la montagne qui nous attendait, on n’oserait pas se lancer (rires) !

Au final on apprend en marchant ! On a des défis que l’on relève, on fait en sorte de franchir une à une les grandes montagnes qui nous font face, et finalement c’est assez satisfaisant. Chaque fois que l’on pense qu’il s’agit de l’obstacle de trop, on voit bien que finalement, on trouve toujours des solutions. Cela permet aussi de s’appuyer sur les rencontres, car c’est finalement l’autre qui va vous aider, vous permettre de trouver la solution. On voit bien encore une fois que la rencontre, l’échange permettent que les projets se fassent. En Martinique j’ai été soutenu, on m’a tendu la main, on m’a aidé à trouver des solutions et je crois que c’est comme cela que les choses évoluent. En équipe, en échangeant.

PDP. Aujourd’hui tu fais vieillir tes rhums à l’Habitation La Salle - ancienne sucrerie tombée en ruines et réhabilitée pour ne pas dire « réssuscitée » ces dernières années - à Sainte-Marie, tout près de la distillerie Saint-James. Peux-tu nous parler de ce lieu exceptionnel ?

BA. C’est en effet un lieu exceptionnel, un site ressuscité comme tu l’as dit. La sucrerie était là, au milieu des cannes à sucre, à quelques centaines de mètres de la mer et c’était le projet de Saint-James de se servir de cet endroit comme un nouveau chai de vieillissement. C’est dans cet endroit vraiment exceptionnel qu’ils font vieillir leurs vieux rhums. Donc être dans ce cadre historique, d’une beauté incroyable, très tropical et à côté de la mer est une vraie chance.


Habitation La Salle, Sainte-Marie, Martinique © Gérard Graduel 


Habitation La Salle, Sainte-Marie, Martinique © Aikan Whisky

PDP. On voit que le succès est au rendez-vous, Benoit. Tu te développes à l’export et as de la demande au-delà de nos frontières. Comment vois-tu Aikan dans dix ans ? Quelle serait ta projection idéale ?

BA. Et bien Aikan, c’est déjà une envie de continuer à innover dans les chais, comprendre jour après jour le bénéfice du vieillissement tropical, en faisant de nombreux essais. Il y a beaucoup de travail pour s’améliorer constamment et proposer des produits toujours surprenants pour le consommateur.

Et puis peut-être l’idée de s’inscrire localement, en Martinique, comme un point de plus en plus intégré dans la route des spiritueux et devenir l’étape entre deux distilleries de rhum. Puisqu’aujourd’hui nous sommes les seuls whiskies sur l’île, cela apporterait un peu de variété aux visiteurs : alterner, entre deux bouteilles de rhum, une bouteille de whisky pourrait leur apporter une expérience intéressante.

Ensuite, l’export pour essayer de briller le plus largement possible, là où Aikan le pourra ! Aujourd’hui, la marque est présente dans quelques pays à l’export et l’on espère continuer et renforcer ce développement à l’avenir en faisant découvrir aux amateurs de whiskies le patrimoine exceptionnel de la Martinique.

MDP. Benoit, je vais revenir un petit peu en arrière. Tout à l’heure nous avons évoqué ta gamme, mais nous n’avons pas parlé d’une cuvée qui a été faite localement, avec l’artiste plasticien Ricardo Ozier-Lafontaine, une démarche qui montre bien l’empreinte locale que tu as eu envie de laisser aussi. Peux-tu nous en parler ?

BA. Oui, tout à fait. L’enjeu c’était de « travailler la Caraïbe », si l’on peut dire cela comme ça et de mettre en valeur cette île, son art de vivre, ses artistes. Cela a été formidable de pouvoir associer le talent de Ricardo Ozier-Lafontaine - un grand artiste martiniquais - à Aikan. Nous avons pu échanger ensemble pour créer une cuvée en édition limitée dont l’étiquette a été dessinée de sa main. Au-delà du beau succès remporté par cette cuvée, ce fut une très belle rencontre que j’espère pouvoir reproduire rapidement avec d’autres artistes caribéens.


Ricardo Ozier-Lafontaine © Üart

Edition limitée - Ricardo Ozier-Lafontaine © La Compagnie du Rhum

MDP. Un dernier petit mot. Tu nous as parlé d’une cuvée qui a été sélectionnée par la Maison Joël Robuchon et que nous proposons d’ailleurs en vente sur le site. Peux-tu nous dire quelques mots à propos de cette collaboration ?

BA. Comme je le disais précédemment, les rencontres sont toujours très stimulantes. Nous avons eu l’occasion de travailler avec la Maison Joël Robuchon pour leur gamme de produits destinée à leurs restaurants aussi bien hexagonaux qu’au marché japonais. Nous avons donc proposé une cuvée spéciale de single malt français avec des caractéristiques très axées sur des fûts français qui offrent un côté épicé gourmand. Il s’agit d’un tirage assez limité que j’ai pu rendre disponible, en partie, pour la Compagnie du Rhum !


« French Malt Collection » Joël Robuchon Sélection © Aikan Whisky - Portrait de Joël Robuchon © Stéphane de Bourgies

MDP. Nous avons été très heureux de cet échange qui passionnera nos lecteurs. Nous souhaitions également te dire combien nous sommes admiratifs, Philippe et moi, parce que - même si tu trouves de l’aide lors des rencontres dont tu nous as parlé - c’est une aventure que tu mènes seul, à laquelle tu réfléchis seul. Nous sommes réellement très impressionnés par l’énergie que tu déploies sans cesse et le succès que tu as pu avoir en si peu d’années. Vraiment bravo !

BA. Merci beaucoup, Marika ! Je te retourne le compliment. Vous avez un site vraiment exclusif qui représente une vraie boussole pour les amateurs de rhum. Et votre succès d’entrepreneur est sans doute quelque chose qui aujourd’hui dépasse la notoriété d’Aikan.

PDP. Lorsque nous nous sommes rencontrés à la Martinique en 2016, j’avais eu à l’époque un vrai coup de foudre pour ton projet, alors qu’il était encore embryonnaire. À ce moment-là, c’était évidemment le rhum que l’on aimait et que l’on travaillait au quotidien. Nous n’avions même pas l’idée de référencer des whiskies, mais lorsque tu m’en as parlé, lorsque les premières bouteilles sont arrivées et que j’ai pu y goûter, je n’ai pas hésité une seule seconde ! Aujourd’hui, Aikan est, chez nous, un incontournable : le premier whisky que l’on a souhaité référencer. Merci pour ta confiance et cette belle collaboration. Nous savons que nous ne sommes qu’au début de ton aventure et que l’avenir te réserve de très belles choses !

MDP. Il ne nous reste donc plus qu’à aller déguster ensemble quelques cuvées Aikan ! Un beau programme juste avant le déjeuner !

BA. Oui, beaucoup de verres à déguster, beaucoup de choses à faire. On espère tenir le coup. Et encore une grande route à faire ensemble, que j’espère ensoleillée !


L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération.